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Actualités - Page 25

  • Déchets : les scandales ont la vie dure

    Il n'y a pas que dans les carrefours que cela barde (cf. notre dernier article). Nos amis gardes-forestiers en savent aussi quelque chose...

    C'est pour moi l'occasion de vous parler de l'Association Robin des Bois qui révèle, dans un article "Déchets  : les scandales ont de l'avenir", le scandale écologique du non-retraitement des déchets avec, bien entendu, sa cohorte de trafics en tous genres, sans oublier les conséquences sanitaires désastreuses qu'ils impliquent.

     

    Robin des Bois.jpg"Le statut de déchet est un instrument juridique majeur pour endiguer et dénoncer des pratiques professionnelles et commerciales soumises aux tentations de profits immédiats et considérables.

    Sont là pour le prouver les scandales des fûts de Seveso entre l’Italie et la France, le scandale des cargos poubelle errant à la recherche de terres d’asile pour les déchets produits par l’industrie chimique européenne, le scandale des résidus de fuel frelaté répandus à Abidjan par le Probo Koala, le scandale des millions de pneus usés, d’ordinateurs déclassés et de matériels roulants sous-normes déversés en Afrique et en Asie par des porte-conteneurs apatrides et des voituriers italiens.
    Seul le statut de déchet permet la traçabilité de ces cargaisons dangereuses et humiliantes pour les populations destinataires et dégradantes pour leur environnement.


    Par le biais du projet de loi « portant suppression de sur-transpositions de directives européennes en droit français », le gouvernement français veut bouleverser la donne et rebattre les cartes dans le poker souvent menteur des déchets (1).


    Dans un premier temps, la Commission consultative sur la sortie du statut de déchets vient d’être dissoute alors qu’elle avait été renouvelée en mars 2017 (2). Cette formation collégiale dirigée par le Ministère de l’Écologie avait pour mission d’examiner les conditions techniques et contractuelles dans lesquelles des flux particuliers de déchets pouvaient prétendre au statut de produits après un traitement phasé, calibré, surveillé par les services de l’Etat et exclusivement mis en œuvre dans des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement ou encadrées par la législation Eau.
    Le projet de loi qualifie l’obligation de traitement des déchets dans une installation dédiée de « complexification administrative peu utile et génératrice de coûts ». Ces propos arbitraires négligent les risques et les coûts sanitaires et environnementaux auxquels sont exposés les manipulateurs de déchets, les populations et les écosystèmes.


    Des dossiers « explosifs » étaient dans l’antichambre de la défunte Commission sur la sortie du statut de déchets. La filière pneus cherche à faire sortir de la liste des déchets les pneus usagés et à les transformer de facto en produits. De même, Altéo veut que les boues rouges de l’usine d’alumine de Gardanne dans les Bouches-du-Rhône ne soient plus classées comme des déchets et deviennent des produits.


    Tous les flux des déchets informatiques, électroménagers et ludiques, contenant des substances toxiques autorisées à l’époque de la commercialisation et interdites au moment de leur abandon sur la voie publique ou dans les déchetteries ou de leur don à des entreprises caritatives ou d’insertion pourraient eux aussi devenir d’un coup de baguette politique des produits et échapper à la compétence de la Convention de Bâle sur le transfert transfrontalier de déchets (3).

    Une note interne à l’ex-Commission consultative sur la sortie du statut de déchets et rédigée par les services du Ministère précise « qu’Emmaüs, aujourd’hui opérateur principal, travaille relativement bien concernant l’acceptation ou le refus en amont de biens pouvant ou non être réemployés ». La note ajoute « qu’il est toutefois envisageable qu’une entreprise frauduleuse se positionne comme entreprise de préparation en vue du réemploi et en profite pour faire du trafic international de déchets. »


    Le trafic national de déchets réputés inertes, non dangereux et dangereux avec les risques bien connus de fausses appellations et de dilution profitera aussi de cette loi si elle est adoptée. Robin des Bois pense en particulier aux terres polluées excavées sous et sur le « Grand Paris » exportées dans les carrières de Normandie et de Picardie par camions ou étalées en remblais sur les prairies.

    Au lieu de favoriser une économie circulaire durable et fiable d’où tous les toxiques seraient éjectés, le gouvernement s’il va au bout de ses ambitions grâce à la complicité des sénateurs et des députés va favoriser une économie souterraine porteuse de risques sanitaires et environnementaux.

    ROBIN DES BOIS
    Association de protection de l'Homme et de l'environnement
    Depuis 1985 / Since 1985
    tel: +33 (0)1 48 04 09 36 - fax: +33 (0)1 48 04 56 41
    www.robindesbois.org

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    (1) Cf. article 15. https://www.senat.fr/leg/pjl18-010.html

    *(2) https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000037518904

    (3) La Convention de Bâle sur le transfert transfontalier de déchets quantifie les flux et les mouvements des déchets, met en lumière les trajectoires et les exutoires des producteurs de déchets et donne aux puissances publiques les moyens de piloter ces flux sortis notamment des caves, des greniers et des garages des pays en surchauffe de consommation."


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  • Ca barde sur les carrefours routiers

    A priori, une manifestation qui semble bien sympathique car, dès lors qu'elle reflète la colère populaire, pourquoi pas ? Ouais, bon… encore faut-il y regarder de plus près.

     

    Tract gilet jaune.jpg

    La lecture du tract joint donne la mesure du fourre-tout des arguments évoqués dans cette protestation, un bric-à-brac de divers points que les gilets jaunes considèrent convergents. Mais le comble arrive à la fin quand des manifestants, au demeurant fort gentils, annoncent qu'ils se révoltent "pacifiquement pour demander le changement de cap à notre gouvernement". Avec de tels arguments, voici le "gouvernement" rassuré. Ce sont tout de même de braves gens ces manifestants. Il reste à nos tout aussi braves forces de l'ordre d'assurer la comptabilité de ce décompte de tous ce peuple mobilisé pour rouspéter sur le rabotage de son budget de pollueurs.

     

    Car, en définitive, l'absurdité de l'affaire est bien là : seule la remise en cause se situe simplement au niveau de leur portefeuille. C'est mieux que rien mais, tout de même, c'est pathétique !

  • Prix 2018 de la Laïcité

    Bonne nouvelle pour la Laïcité ! Son prix a été attribué au célèbre neurobiologiste Jean-Pierre Changeux pour son livre Le cerveau de l'enfant est parfaitement laïque à la naissance.

    A défaut du livre, je vous soumets la déclaration qu'il a prononcée à cette occasion, dans les salons de l'Hôtel de Ville de Paris, et à laquelle nous ne pouvons que souscrire.

    "Chers amis,

    Je me sens particulièrement touché et honoré de recevoir le prix Laïcité République pour mes ouvrages de neuroscience. Merci spécialement pour l’initiative prise par le jury d’élargir le débat sur la laïcité au monde du cerveau alors que le débat est encore trop souvent entre les mains des philosophes, des sociologues ou des politiques. Pourquoi pas ?

    Le cerveau humain est un système d’une redoutable complexité, un réseau d’une centaine de milliards de neurones et de millions de milliards de connexions synaptiques. Et de ce fait, comme l’écrivait déjà Spinoza « Les Hommes jugent des choses suivant la disposition de leur cerveau », et j’ajouterai de leur cerveau « en société ».

    Le cerveau de l’Homo sapiens est conscient, rationnel et social. Il fonctionne - à la différence de nos ordinateurs – sur un mode projectif, s’interrogeant constamment sur l’avenir proche et lointain. Il est néanmoins une machine chimique exclusivement composée d’atomes et de molécules capable de produire toutes les représentations que nous avons du monde, les croyances comme les faits de science.

    Le cerveau humain est issu de l’évolution darwinienne des êtres vivants et plus spécifiquement de la lignée des ancêtres de l’Homme, du singe à Homo sapiens. Un de ses traits les plus remarquables est la durée de son développement qui, en quelque sorte, prend le relais de l’évolution génétique mais ici de manière épi-génétique. Le cerveau de l’Homo sapiens met 15 ans – au moins - pour devenir adulte. Son poids augmente 5 fois après la naissance et plus d’un million de milliards de synapses se forment après celle-ci... A chaque seconde se créent de l’ordre d’un million de synapses. Cette construction endogène se réalise en constante interaction avec l‘environnement physique, social et culturel qui y sélectionne des traces neuronales indélébiles que j’ai appelé « circuits culturels ». Pendant ces périodes critiques, le bébé, le jeune enfant puis l‘adolescent « internalisent » dans leur cerveau – comme l’écrivait Vygotskty – l’environnement social : langage parlé puis écrit, système symboliques propres à l’environnement culturel, règles de conduites, de la vie familiale et en société…
    Le cerveau de l’enfant est parfaitement laque à la naissance. Il signe notre appartenance à une espèce commune. Il possède les dispositions universelles propres à l’Homo sapiens.

    Au cours des années qui suivent il s’imprègne d’une culture particulière qui définit une autre appartenance celle à un groupe familial et social, à un lieu géographique particulier, la terre d’origine, à une histoire collective et individuelle, liés aux événements personnels vécus, de la naissance et du développement ultérieur. Les dispositions initiales se spécialisent et se diversifient au gré de circonstances souvent imprévues et leurs manifestations relèvent de ce que l’on peut appeler un relativisme général.

    Un moment important de l’histoire culturelle de l’Humanité est que, au sein de cette diversité, se développe une culture très particulière qui se singularisera par son retour à l’universalisme : la culture scientifique. Selon Jean-Pierre Vernant, la rationalité scientifique est née sous la Grèce antique avec l’Agora. Elle demande l’acceptation par le citoyen de la coexistence d’opinions diverses voir opposées, le débat critique, la recherche commune de la solution la plus adéquate et la plus universelle, au-delà de la diversité des croyances et des points de vue. Les solutions découvertes sont sans relâche remises en cause. La science est recherche de vérités (au pluriel) et n’énonce pas une Vérité théologique… et ceux qui se sont engagés dans cette discipline, comme les autres, doivent s’en souvenir !

    Aux origines de l’Humanité, Homo sapiens possède un cerveau semblable au notre et s’interroge sur ce qu’il est, sur sa propre nature, ses origines et son avenir. Ne possédant pas la culture que nous avons acquise au fil des siècles, il ne pouvait imaginer des réponses objectives à ces questions fondamentales, depuis l’origine de notre univers aux raisons de notre mort. Il a donc inventé - pour calmer ces inquiétudes liées à son ignorance - des systèmes de croyances irrationnelles, des mythologies fantaisistes, des idéologies parfois dangereuses…

    La science est là pour apporter, pas à pas, des réponses à ces questions essentielles dans un processus qui progresse en permanence... Elle devrait nous permettre de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons, le climat, l’alimentation, la démographie, que sais-je ? Mais aussi et surtout de mieux définir les conditions de vie de tous les humains sur notre planète, – quels qu’ils soient- et que tous puissent accéder à cette « vie bonne » comme le demande Paul Ricoeur « avec et pour les autres dans des institutions justes »

    La science nous met en face de nos responsabilités. Il nous faut faire en sorte que ce savoir scientifique puisse bénéficier à l’humanité dans son ensemble et non pas contribuer à l’effondrement de son environnement, à la satisfaction de sa rage belliciste et à sa disparition ultime ….

    Mes derniers mots porteront bien entendu sur le cerveau. Nous savons que son développement est particulièrement long chez les humains. L’environnement social et culturel joue une rôle critique dans cette évolution et tout spécialement l’éducation. Celle-ci intervient dans la construction du cerveau du futur citoyen. Et mon vœu le plus cher est que cette éducation lui permette de retrouver la laïcité pure de sa naissance dans la liberté, l’égalité et la fraternité entre tous les humains.

    Comme le disait Martin Luther King, « j’ai fait un rêve »… que tous les enfant du monde puissent recevoir une éducation laïque et que cela soit inscrit définitivement dans la Déclaration Universelle des Droits Humains.

    Merci à toutes et à tous."