Le talent de cet écrivain russe ne saurait cacher le deuxième aspect du personnage : celui d'un humaniste digne de ce nom. Toutefois, il reste difficile de le catégoriser malgré que d'aucuns le qualifient d'anarchiste chrétien.
Noble de naissance, un 9 septembre 1828, il prit rapidement le parti de son peuple placé en état de pauvreté extrême et, malheureusement, réduit à une situation esclavagiste dans le cadre d'une société extraordinairement pyramidale. Rapidement orphelin, on le voit à vingt-cinq ans habillé d'un uniforme de sous-officier d'artillerie avec lequel il participa à la guerre de Crimée. Mais il n'est pas dupe. Pour lui, "les soldats sont des fauves dressés à mordre n'importe qui". Cette forte prise de position augure bien ce qui sera l'orientation sociale future de l'écrivain, orientation qui ne jamais fut démentie.
Étonnant personnage car la réflexion politique qu'il possédait et qu'il n'hésitait pas à affirmer était claire : "L'Etat est un complot qui a pour but, non seulement l'exploitation, mais la corruption des citoyens. Jamais je ne servirai nulle part aucun gouvernement." Avec de tels propos, il serait difficile de ne pas admettre que cette société impériale n'entendait pas lui souhaiter la bienvenue. Parmi ses grandes actions, notons que Tolstoi aida les objecteurs de conscience, fit face aux grandes famines des années 1891-1892 en organisant la distribution de nourriture pour des milliers de personnes. Bref, un intellectuel hors pair, un chantre du travail manuel, un apôtre d'une vie tournée sur la nature. Bref, il n'hésitait pas à "mettre les mains dans le cambouis".
Malade des poumons, il décéda cinq ans plus tard, le 20 novembre 1910, dans l'habitat du chef de gare d'Astapovo. Son enterrement, uniquement civil, fut le premier dans cette grande Russie. Saluons la mémoire, l'énergie et le talent de cet homme très attachant.