Il y a maintenant plus de deux siècles qu'est apparu Charles Darwin. En soi, cette naissance, qu'a-t-elle de si extraordinaire ?
Cette naissance aurait pu sombrer dans l'oubli le plus total si il n'y avait pas eu sa célèbre théorie, toujours incontournable, qui permit d'établir définitivement la renommée universelle de ce savant. Mais le bond de géant qu'il fit faire aux sciences ne saurait nous faire oublier son revers. Il reste malheureusement des opposants qui n'entendent guère déposer leurs armes. Ceux-ci pratiquent allègrement la désinformation en tentant la déstabilisation partout où ils le peuvent, c'est-à-dire essentiellement en direction de l'enseignement, des médias, voire de certains gouvernements. Preuve en est cet accord et ces subventions accordées par le gouverneur démocrate du Kentucky, Steve Beshear, pour la construction d'un parc thématique s'appuyant sur les thèses créationnistes. Malgré une bronca de différents courants d'opinion contre ce projet, le parc grâce à son initiateur : Ken Ham, président du mouvement fondamentaliste chrétien AiG, ouvrit ses portes en 2016.
Alors, à l'occasion de ce jour mémorable qu'il nous soit permis de saluer le travail entrepris par plusieurs associations rationalistes et par des chercheurs, comme Patrick Tort, qui n'ont de cesse à dénoncer cette propagande fallacieuse qui sait au besoin se cacher derrière de belles vitrines, comme celle – par exemple - de l'Université interdisciplinaire de Paris.
Aujourd'hui, il nous a semblé judicieux de parler non pas de Darwin et de ses écrits mais plutôt de l'un de ses élèves : Richard Dawkins. Cet universitaire anglais fut le premier à utiliser la dénomination Bright. Ce mot reste à l'origine du mouvement qui porte cette appellation. Vous connaissez certainement cet homme, notamment au travers de l'un de ses livres : Pour en finir avec Dieu, publié en 2008. Deux ans après, il nous livra Le plus grand spectacle du monde*, un ouvrage remarquable. Son titre en dit long car, au fur et à mesure de sa lecture, se déroule sous nos yeux l'explication de ce formidable spectacle de l'évolution. C'est tout simplement vertigineux !
Richard Dawkins possède ce savoir-faire permettant d'expliquer des concepts compliqués. Comme par magie, il transforme l'énoncé d'un problème difficile en un discours simple et évident. Si pour beaucoup la théorie de l'évolution reste une évidence, les créationnistes n'ont qu'à bien se tenir : cet auteur n'est pas tendre avec ses ennemis. Dans son chapitre IV intitulé "Silence et temps au ralenti", il commence par ces mots : "Si les négationnistes de l'histoire qui doutent du fait de l'évolution ne connaissent rien à la biologie, ceux qui croient que le monde a commencé il y a moins de dix mille ans sont encore pires que ces ignorants ; leur illusion relève de la perversité. Ils réfutent non seulement les faits de la biologie, mais aussi ceux de la physique, de la géologie, de la cosmologie, de l'histoire et de la chimie".
Les treize chapitres qui composent son livre mériteraient tous d'être cités car, mis sous la toise rigoureuse de la méthode scientifique, ils rétablissent la fragile vérité des connaissances. Tant pis pour tous ceux dont la foi du charbonnier tient lieu de méthode de raisonnement.
A la suite de Darwin l'auteur détaille les chemins de l'évolution qui possède leur logique, leur cohérence et ...leurs imperfections. Il n'hésite pas à citer nombre d'exemples qui : "doivent sûrement ébranler la positon de ceux qui rêvent d'« intelligent design »". Comme, par exemple, chez la girafe ce nerf laryngé descendant complètement sur toute la longueur du cou pour ensuite remonter. Ou encore chez l'homme, ce canal déférent qui se complaît à faire un détour autour de l'urètre. Entre la complexité inouïe de l'existant, tel l’œil, et les nombreuses bizarreries qui subsistent dans la nature, le grand architecte - maître parfait s'il en est - a pris de bien drôles de libertés dans sa prétendue création du monde !
En ce 12 février, nous constatons que la période actuelle reste toujours pesante en raison de cette exacerbation des croyances. Il nous appartient, adeptes du rationalisme scientifique et mécréants de tous poils, de secouer toujours plus fort le cocotier afin de faire tomber, un à un, les tenants des religions qui s'y s'agrippent fortement dans l'espoir que la société des humains suivent toujours leurs diktats. Darwin revient : ils sont fous !
* Editions Robert Laffont, octobre 2010.